Premier trek dans les montagnes Kyrghyzes

Le 8 juillet Sergey (Un russe ayant vecu a Karakol toute sa jeunesse et avec qui on avait ete mis en contact grace a Jean-Claude Legros) nous rejoins au Yourt Camp pour le depart tant attendu dans ces montagnes qui surplombent la ville de Karakol. Depart en camion 4×4 jusqu’au bout de la route (ici la notion de route n’est pas comparable a celle qu’on a en Europe … les autoroutes ici sont dans l’etat de nos routes de campagne en Belgique … et encore … je suis gentil)

Nous voila donc a pied d’oeuvre avec une equipe de 6:

  • Valerie
  • Erwin
  • Quentin (que nous avons donc rejoins sur place)
  • Christine (une francaise qui fait du benevola pour Alpine Fund a Bushkek et que Quentin a rencontre la-bas et qui parle un peu Kyrgyze)
  • Sergey (qui parle anglais, kyrgyze et russe)
  • et moi 😉

En route pour une petite journee de mise en marche. Nous montons jusqu’a 3000m d’altitude jusq’a une petite cabane. La pluie tombe depuis le matin, mais qu’importe, demain il fera surement beau … donc on continue et tant pis si on est un peu trempe aujourd’hui. Heureusement on peut faire du feu dans la cabane et on passe donc la soiree autour d’un bon petit feu … nickel quoi 😉

Apres une nuit bien humide sous la tente (finalement il n’a pas arrete de pleuvoir) et le leve fut moins prompt que prevu. Ce n’est que vers 10h que nous sortons nos nez de la tente … Apres un peu de negociation, la pluie se calme et on decide quand meme de monter au col a 4000 pour se faire une bonne petite nuit d’acclimatation la-bas … quite a ce qu’il pleuve encore un peu, au moins on sera aclimate et comme demain il fera beau … ca sera bien.

La montee fut le pire calvaire que j’ai deja eu en montagne. Le cumul de fatigue ajoute a l’altitude, au petit dejeune pas assez copieux et au sac de 35kg … j’ai vraiment eu du mal. Le dernier couloir menant au col se compose de 500m de denivele a 45 degres et (comme si c’etait pas deja assez dur) avec la pluie des deux derniers jours le pierrier etait recouvert de 50cm de neige fraiche. Autant vous dire que je suis arrive en haut … j’etait mal. Heureusement Quentin a pris les choses en main, une fois ma tente monte je me suis tappe dans mon plumart et Quentin m’a apporte ma bouffe et du the … je me suis direct foutu au pieu … toujours sous la pluie …

Le lendemain a mon tour de prendre le relais. vers 6h je me leve pour preparer le poridge pour les autres. On avait deja fait fondre un peu de neige la veille, mais pas suffisement pour le poridge. Je cherche donc un peu dans les fond de gourdes pour voir si je peux eviter de faire fondre encore de la neige et perdre 30min.
La je tombe sur une bouteille qui a passe la nuit dehors et qui n’a pas gele … je me dis : « cool, avec ca j’ai assez pour le poridge ». Je commence a faire chauffer le tout sur le petit rechaud.
Au moment fatidique de gouter je metonne du gout un peu fort du poridge ….

meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde … j’ai utilise la bouteille de vodka pour faire le poridge !! Autant vous dire que ca arrache, prendre un poridge a 40 degre-volume a 6h du matin et a 4000m d’altitude. Finalement on devra jeter le poridge et en refaire … mais quel con je suis !!

La pluie est evidement encore toujours presente et les sommets dans les nuages … tant pis pour la vue, mais on redescent a la petite cabane. Apres cette descente … on commence vraiment a en avoir marre de la pluie. On quitte la Belgique pour passer des vacances au soleil … on fini par se retrouver dans des conditions hivernales Ecossaises … merde quoi !

Arrive a la cabane, un rayon de soleil fait son apparition, on decide donc de ne pas descende plus bas et de faire secher nos affaires. Qui sait, si ca se trouve le soleil ne durera pas.

Le jour suivant le soleil persiste … yahooooo 😀 Nous montons donc a l’emplacement que nous appellerons le CB (Camp de base). C’est donc une longue journee de marche qui nous attend avec des paysages absoluments dingues. On est dans un paysage extraordinaire, des bergers a cheval nous croisent … on fait quelques tentatives de bloc sur les rochers qu’on croise avec Erwin … et apres une journee de 8h de marche nous arrivons enfin au pied de ce sommet absolument majestueux : le Karakol Peak (5200m). Ce n’est pas l’objectif de ce trek ci de faire le Karakol Peak, mais le Djigit Peak qui est un peu a l’est. Mais comme les deux glaciers se rejoignent on profite de la vue.

Lever 6h pour avancer au ABC (Advenced Base Camp) … evidement … on l’aurait devine … sous la pluie … GRRRR. Une petite demi heure de marche avant de chausser les crampons. Pendant toute la montee j’ai un peche de dingue … arrive vraiment au pied du Djigit Peak on devine la voie par laquelle nous devrons monter :

D’abord aborder un couloir de neige de 50m de large et 60 degres pour arriver au ABC. Ensuite un mur de glace (pourrie vue les conditions) a 60 degres juste au dessus d’une enorme serac qui menace de tomber en plein milieu de la face … bref … on commence a se poser des questions :

  • Il a neige pendant les 4 derniers jours au dessus de 3500m … donc deja le mur de glace est infranchissable
  • Malgre la neige, le vent est chaud et en journee la neige est completement pourrie (on marche dans de la pap)
  • Le couloir de neige est constammant assailli par des coulees de neige en plein dans son axe (petites avalanches)
  • Sans parler de la meteo qui n’a pas l’air de s’ameliorer … toujours pluie-neige

Bref la decision est prise, tant pis pour le sommet ! Les conditions sont vraiment trop dangereuses et on ne veut pas y laisser notre peau non plus. On redescend donc au BC et on se repose un peu.

Evidement, comble de l’ironie, le soir les nuages se levent et on retrouve la superbe vue sur le pic Karakol qui nous nargue comme ayant essuye une victoire. On nous a toujours apris a ecouter la montagne … cette fois ci … apres 6 jours de marche on l’entend ricanner : I got you.

Il nous reste donc deux jours de nouriture, il est temps de descendre. Nous descendons donc d’abord le plus bas possible et apres une grosse journee de descente nous nous arretons dans un paturage entre les moutons. C’est vraiment un endroit sympa et on a un petit ruisseau juste a cote pour prendre notre eau … nickel quoi.

De l’autre cote de la prairie, a 500m de nos tentes il y a une petite roulotte de bergers a qui appartiennent sans doute les moutons. Erwin, Christine et moi descendons chez eux pour leurs demander s’il n’ont pas de l’ayran (sorte de yoghurt frais). Il nous acceuillent avec un grand sourire et nous mettent a leur table (heureusement que Christine nous traduit un peu ce qu’ils disent parce qu’erwin et moi on est un peu perdu 😉 ) Il nous sortent de leur four un pain tout juste cuit et nous servent un bol d’ayran a chacun… waw … Ces gens sont hyper pauvres, ils n’ont rien, et ils nous donnent presque tout ce qu’ils ont … ils sont adorables. J’ai jamais mange un truc aussi bon et frais que la-bas.

Apres ils nous remplissent un recipiant et nous retournons aux tentes pour en donner aux autres. C’est la que pour moi le declic c’est fait. Je suis dans un autre monde, une autre civilisation. Jamais en Europe des gens m’acceuilleraient si chaleureusement a leur table et me donnerait quasi tout ce qu’ils savent me donner. J’etais presque gene de leur demander. Mais ils avaient l’air si content de nous voir venir chez eux. Maintenant je suis au Kyrghizstan y-a plus de doute, meme ma tete a fait le declic 😉

Le dernier jour je vous le resume tres rapidement car on est rentre a Karakol, on s’est fait peter la panse dans un resto : on a pris 4 plats par personne … j’ai jamais bouffe autant. Et finalement on s’est reinstalle au camping et on s’est fait une bonne nuit … que du bonheur 🙂

Maladiet (Bravo en russe) a ceux qui m’ont lu jusqu’au bout … et n’hestitez pas a laisser un commentaire ici, ca fait plaisir de voir un peu qui sont ceux qui sont passent par ici.

Un commentaire

  1. Moi qui avait jamais entendu parler du Kirghizistan j’ai pas peu m’empecher d’aller voir sur wikipedia.

    Dommage pour la pluie… Continue à donner de tes nouvelles…

    Si tu peux poster quelques photos ça pourrait être cool aussi 🙂

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  2. Je crois que l’on peut sans hésitations te nommer l’INFO qui est allé le plus haut/loin (aucune mention à rayer) dans ce « bas » monde !
    En tout cas, ça fait rêver !

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  3. Dur les conditions!
    Par contre, je suis désolé, mais le porridge-vodka, ça m’a vraiment fait rire…. 🙂

    Et si la montagne se refuse à vous, passez par le chemin de la Mora… ah non c’est pas ça.

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  4. Merci pour vos commentaires, ca fait plaisir 😉

    Pour les photos je vous en passerais bien volontier quelques unes mais ici c’est la galere. D’abord les ordis sont si puissants que pour charger une photo de plus de 1Mo y’a la RAM qui sature completement et ca rame. Or comme mes photo sont en bonne qulite il faut quand meme que je les redimensionne un peu avant des les uploader.

    Le second probleme c’est que les connexions ici sont vraiument merdiques, donc pour uploader un peu un gros fichiers on en a directement pour des heures …

    Bref, je vous partagerais bien quelques photos mais c’est vraiment foireux.

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  5. J’avais hate (cfr post précédent) et bien je ne fus pas déçu.
    J’ai bien rit aussi avec l’épisode de la vodka.
    Sinon tu n’as pas mis une ribambelle de photo, mais elle donnent déjà envie… et mon paysage est tout plat…
    la suite c’est quoi??
    bonne continuation

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  6. waaaw, je suis tj vachement impressionnée quand je lis le récit de tes aventures! Surtout lorsque on découvre ta créativité culinaire, on s’en souviendra, LOL! à mon tour de te dire maladiet!
    bonne continuation, je te souhaite une météo plus adaptée pour la suite! (si ça peut te consoler, ici sur le mois on a pas vu le soleil plus de 4 jours, et même pas d’affilés en plus, mais je crois qu’en ce moment en écosse il fait beau…!)

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  7. Je lis et relis tes commentaires et je me plais à rêver! Courage mon grand! Faudrait plus de jeunes de ta carrure dans notre société! Tu nous fais vivre… grâce à tes lointaines expériences. Ce que tu amasses aujourd’hui comme expérience, personne ne pourra te l’enlever. Bon trek et reviens nous en bonne forme. Je t’embrasse!

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  8. J’ai été émue comme toi en lisant comment les pauvres bergers t’ont offert l’hospitalité! Et pour le porridge à la vodka, je trouve que cela vaut bien les mésaventures du capitaine Haddock au Tibet. Tu t’en es peut-être inspiré, non? Avoue…

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  9. ça fait un bail que j’avais plus eu de tes nouvelles et je me suis dit : « allons jetter un oeil sur son blog ».

    Hé ben ça impressionne Greg ! Tu dois être dans ton élément là bas (voire un peu trop vu tout ce que tu racontes!)

    Bonne continuation !

    Michaël.

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