SoloS

Voici un excellent livre que j’ai lu récement et qui retrace l’évolution de Christophe Moulin dans le monde de l’alpinisme et plus particulièrement du solos. Pourquoi cette envie d’aller vers des faces si difficiles? Et qui plus est, pourquoi y aller en solos? Est-ce qu’il en retire quelque chose? Est-ce simplement par amour du risque et de l’engagement? Il n’y pas que tout ca !! Moulinos, comme il se fait appeller, voit dans le solo sa manière de découvrir sa montagne intérieure !
Un livre que je vous conseille si vous êtes amateur d’alpinisme et que parfois vous ne comprenez pas comment certaines personnes peuvent se lancer dans de telles expéditions.

Christophe Moulin – Ed Guérin – coll Terra Nova – 318 pages

Souvenons nous, janvier 1989. Les chroniques de la presse montagne inscrivent discrètement : « Ascension solitaire et première ascension solitaire hivernale de la voie Couzy-Demaison à l’Olan par Christophe Moulin. » Derrière cet entre-filet plutôt discret au regard de la performance réalisée, se cache un gaillard rebelle prêt à en découdre : « Je veux me battre, je rêve d’un truc violent (…) Je déclare la guerre à mes hésitations(…) ». Seul, en face nord, de préférence en hiver et dans un massif difficile d’accès, à l’abri des regards de la société qu’il cherche à fuir, il découvre l’adrénaline du grimpeur solitaire. Une drogue dure. Huit ans durant il y revient sans cesse, possédé par ce besoin lancinant de solitude et de lutte extrême, porté par l’ivresse des combats et de la notoriété que les succès procurent. Et puis un jour, il fini par regarder vers le bas, le solo et le vide l’effraie, « je n’ai plus assez d’inconscience » note – t-il dans son carnet. « Je suis arrivé à un endroit où je n’avais pas besoin d’aller plus loin. » dira encore ce monstre de l’engagement solitaire. Désormais il partagera sa passion avec les autres, mieux encore, il va la transmettre à des jeunes de bien des années ses cadets. Moulinator le solitaire devient Moulinos, le grand frère des jeunes alpinistes de haut-niveau que réunit chaque année la FFME*. Ce jour de l’été 2003, la symbiose est totale. Rien à rajouter, les clins d’oeuil vont bon train, chacun est heureux, à sa place dans cette haute-montagne où les heures précédentes furent si heureuses. Quelques secondes vont suffirent pour que l’irréparable frappe le groupe. Trois jeunes vont mourir, laissant Christophe Moulin dans le désespoir. Pourquoi cette horreur, ce vide ? « le jeu en vaut – il la peine ? » Jusqu’où faut-il aller pour trouver ce que l’on cherche, pour se trouver soi-même ? Ce récit d’ascensions, c’est un souffle haletant qui fascine mais ce n’est pas tout. La réflexion que mène l’auteur respire la sincérité et la profondeur de l’homme. Le mot de la fin est sans appel, la lecture de ce livre est essentielle.