First Ascent

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First Ascent c’est un mot anglais ! Un mot qui ne va pas bien dans notre langage de tous les jours, je le reconnais. Traduit littéralement ça vous donne  »première ascension ». C’est sur que c’est pas très parlant. Dès lors, quelques mots d’explication seront surement les bienvenus pour vous expliquer un peu la présence de ce titre sur mon blog.

D’abord  »First Ascent » est le nom d’un DVD que je me suis offert pour la Saint-Nicolas. J’étais tombé par hasard (comme vous dans quelques instants) dans les détours du web sur la bande annonce de ce DVD qui montrait, on peut le dire, des images carrément impressionnantes d’exploits sportifs en matière d’escalade. Partant de premières escalades au Canada à Squamisch, en passant par la Thailande avec ces voies en deepwater jusqu’aux sommets himalayens. Et à chaque fois, des personnes se lançant dans des voies n’ayant jamais été faites auparavant. Toute personne raisonnablement constituée prendrais ces gens pour des gens complètement givrés et regarderais ces images avec un regard du genre : « Moi aussi je pourrais faire ça si je tenais pas à ma vie ».

D’ou viens cet intérêt à se lancer des ces premières ascensions? Pourquoi ces gens tentent de repousser les limites de l’alpinisme et de l’escalade dans des retranchements encore plus profond? Qu’est-ce que ça leur rapporte ce genre d’expéditions. D’autant plus qu’il n’y a pas tant d’argent à la clef pour ce genre de folies. Pourtant ce genre de mentalités existent et a existé à toute époque : le gout de la découverte, le gout de l’aventure, le gout de l’expédition, le gout de l’exploration de lieux encore hostiles jusqu’à aujourd’hui, …

Eh oui, c’était un peu la même mentalité qu’on pouvait trouver chez les grands explorateurs de l’époque, toute proportion restant gardée bien sur car le succès qu’on pouvait trouver à l’époque dans la découverte d’une nouvelle contrée n’était en rien comparable avec le succès rencontré lors de l’ascension d’un sommet par une nouvelle voie.

En effet, parlons de ce succès? Qu’est-ce que ça leur rapporte d’être les premiers? Finalement pas grand chose. Ils sont les premiers, c’est cool. Leur noms figurera peut-être un jour au pied de la voie. Mais si ça se trouve, ces voies ne seront jamais répétée car trop difficile. Et leur gloire finira aux oubliettes. Finalement les seules choses qu’ils peuvent en tirer, ce n’est qu’une gloire personnelles. Un combat face à soi-même, jusqu’au bout de ses propres limites. Pouvoir voir jusqu’où on est capable d’aller. Parfois jusqu’à risquer sa vie.

Je dois vous avouez qu’au début, en achetant ce DVD je ne savais pas trop quoi penser. Autant j’étais content de pouvoir me faire une orgie de belles images d’escalade. Autant je ne comprenais pas bien l’intérêt que ces personnes peuvent porter à leurs premières ascensions. Pour moi, une ascension reste une ascension, un combat face à soi même. Qu’on soi le premier à passer par là ou pas, ça ne change pas grand chose au fond?

J’ai finalement trouvé ce DVD assez positif. En effet, autant on idéalise la « first ascent » comme étant quelque chose de vraiment pur, un vrai idéal pour tout grimpeur. Autant la cloture du film montre qu’au fond, à chacun son Everest, toute personne doit voir où sont ses limites. toute personne ne peut pas se lancer tête baissée dans une première sans réfléchir à tout ce que ça implique. En plus d’être quelque chose qui est souvent assez dur. L’inconnu n’est pas quelque chose qui est facile à appréhender. Non seulement au niveau technique, mais aussi au niveau mental. Ce n’est pas spécialement parce qu’on est le meilleur grimpeur du monde qu’on saura gérer toutes les circonstances liées à cet inconnu. Parfois il vaut mieux rester humble.

J’ai aussi beaucoup aimé toute la discution éthique qui a été menée tout au long de ce film. L’escalade est un sport qui a énormément évolué depuis ses débuts. Autant au niveau de la mentalité des grimpeurs qu’au niveau de la technique même. Lorsqu’on regarde la génération de nos grands parents qui grimpaient encore avec des cordes de chanvre, des bottines cloutées et pas d’harnais … c’était plus précaire comme assurage, genre: t’es assuré, mais vaut mieux pas tomber. Mais malgré ça certaines grandes pages de l’alpinisme ont été tournées.
Aujourd’hui, au niveau sécurité tout est tellement parfait. Presque le seul accident qui pourrais arriver à un grimpeur serait dû à une faute provenant de lui-même, et non pas de la nature qui l’entoure. Bref, la sécurité à tellement été poussée à l’extrême que le grimpeur c’est tourné vers une escalade plus en plus pure. On grimpe avec le moins de matériel possible, sur des voies sur-équipée. On veut privilégier absolument le rapport entre l’homme et le rocher à en oublier le détail qui est l’environnement « hostile » que le rocher était à la base. Jusqu’à quel extrême peut-on pousser cette facilité d’accès? Est-il spécialement bon de retirer à l’escalade tout le coté engagement de soi face à la montagne ou la falaise? La question est posée? Les avis divergent, et je ne suis pas ici pour imposer ma vision. Bien sur les puristes du films vous diront qu’il est important de garder cet engagement. D’autres ne se sentent pas capable d’assumer cet engagement mental et pourtant veulent pouvoir pratiquer le sport. Ou se trouve la limite entre les deux extrêmes? Je crois que c’est une bonne question, mais qu’il n’y a pas de réponse idéale.


Pour voir la vidéo de la bande annonce du DVD First Ascent, cliquez ici

 

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