La montagne intérieure

Vous connaissez votre montagne intérieure? C’est un livre de Lionel Daudet que j’aime beaucoup. Voici quelques extraits qui sont assez marquants. Je vous invite à y jeter un oeil !

« Grimper, c’est forcément replacer la montagne dans son environnement, s’imprégner de l’état des lieux, intégrer l’ascension à venir : c’est mesurer l’infini de sa dimension et le zéro de notre petite personne ».
« Je t’en prie, laisse-moi cette forêt sans sentier, cette montagne sans topo, cette région avec ses cartes fausses. Je m’y perdrai mais je ne m’y retrouverai que mieux et peut-être deviendrai-je meilleur. » (p 124)

« Aventure: des questions se posent, sans réponses. Aventure, on aura tout dis ou presque sur toi. A tel point que le mot qui te désigne s’est retrouvé complettement galvaudé, surement pour un tas de « bonnes » raisons: médiatiques et commerciales, confort et conformisme, manque et radicalisme. L’aventure exige cette volonté paradoxale de lâcher prise: le vouloir … sans le vouloir. Est-ce vivre que de (croire) suivre une route toute tracée? La paroi nous dicte une route qu’huommes libres et abandonnés nous suivons avec bonheur. C’est différent. La se définit l’aventure, dans cette mise en déséquililbre volontaire, dans cette confiance accordée, dans cet aléa accepté, et surtout pas dans l’illusion d’un cocon fermé, aussi moelleux soit-il. S’aventurer, c’est vivre. Et rien d’autre. Et laisser les chiens de la consommation ronger les os de l’aventure commerciale. »

(…)

« Que voulez-vous que je fasse d’un monde sans idéal, ou le bonheur rime avec réussite sociale?

  • Etudie et réussi, mon fils, tu seras heureux!
  • Quel place me laissez-vous, dans ce monde où avoir et être se confondent?
  • Gagne beaucoup d’argent, ma fille, tu seras comblée.
  • Qui suis-je, dans ce monde où consommer est devenu bonheur?
  • Consommez, mes amis, allez de plaisir en plaisir, et voyez comme la joie vous fuit, parce que toujours par nostalgie du passez vous vivez, atteignant un bref instant de grâce, replongeant, recherchant cette éphémère satisfaction, frustrés.
  • Où allez-vous, tous, à courir ces couloirs sombres?
  • Fuir n’est pas suivre sa route…

Heureux soient-ils, ceux qui n’ont pas fermés les portes de l’innocence, qui ne sont pas murés dans les vicissitudes d’une vie à laquelle ils ne comprennent rien, si ce n’est que le bonheur leur échappe. Heureux soient-ils, ceux qui ont donné du large à leurs visions et à leurs pensées, du fond de leur coeur, du haut de leurs parois, où qu’elles soient, quelles qu’elles soient. Heureux soient-ils, ceux qui sont capables d’écouter le silence, de devenir silence. Et tout petit le peuple du Nord de danser la gigue jusqu’à l’étourdissement, sous la houlette du flûtiste dans l’ombre. Qui esquisse, j’en suis sûr, un sourire. Car le musicien est heureux, heureux et content de cette fête inattendue. »