Science et Religion … bonne question?

Religion et science

Choix de lectures

  • MARTINI, Evelyne (ed.), La création du monde, ce qu’en disent les religions
  • Editions du seuil, La vision du passé, Pierre Theillard de Chardin
  • Editions du seuil, Le milieu divin, Pierre Theillard de Chardin

Introduction

Pour présenter le sujet commençons par établir une des grandes questions qui confronte la religion et la science et qui a fait couler beaucoup d’encre, le problème de la création du monde.

Dans la Bible, la création du monde est décrite dans le livre de la Genèse :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abime, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. (…) » (Genèse, chap 1, v 1)
Il explique donc comment la terre et la vie sur terre fut crée. En 6 jours Dieu créa l’univers et vit que c’était bon, et le 7ième jour il se reposa. Cette théorie fût longtemps admise par la religion chrétienne et juive.
Avant les découvertes scientifiques aucune théorie n’expliquait la création du monde en excluant la présence d’un dieu. Dès lors être athée revenait soit à ne pas savoir répondre à cette question soit à ne pas se poser cette question tout simplement.

A coté de ça, la science a énormément évoluée au cours des derniers siècles et a chamboulé plusieurs de ces croyances. D’abord avec la théorie de l’évolution de Darwin, puis par la théorie du Big Bang. Beaucoup de chrétiens ont été chamboulés par ces nouvelles découvertes et ont perdus leurs repères:
« L’enrichissement et le trouble de la pensée religieuse, en notre temps, tiennent sans doute à la révélation qui se fait, autour de nous et en nous de la grandeur et de l’unité du Monde. Autour de nous les Sciences du Réel étendent démesurément les abîmes du temps et de l’espace; et elles décèlent sans cesse des liaisons nouvelles entre éléments de l’Univers » (P. Theillard de Chardin : Le milieu Divin)

Analyse

La création du monde par Dieu est une conception permettant de comprendre d’une part le sens de la vie, nous avons été crée par Dieu et nous sommes ici par la volonté de lui, d’autre part du destin de l’Homme.

Cette conception donne à Dieu une volonté créatrice, et par la même occasion donne un idéal de création à l’Homme. Nous constatons par ailleurs que la science nous prouve que l’homme est le seul mammifère pourvu d’une capacité de création si importante. Dieu nous pousse donc à être créatif dans ce monde. « multipliez-vous et soyez fécond » ( Génése, chap 1, v 28 ), la fécondité dans cet extrait peut être analysée au sens premier du mot, mais aussi dans le sens de la recherche de résultats positifs. La fécondité intellectuelle par exemple.
Le texte de la Bible a donc, au delà de sa dimension d’explication de la création du monde une dimension formative à un idéal pour l’Homme.

Le récit de la création du monde, pour sa part a été pendant plusieurs années un moyen de rassurer les gens et de pouvoir répondre à leurs différentes questions existentielles. L’homme étant mortel a besoin de pouvoir se rattacher à un début et à une fin. La notion d’infini est quelque chose qui ne rassure pas et au contraire donne une dimension inimaginable pour les hommes qui ont une existence finie.
L’homme a besoin de savoir ce qui s’est passé au début et ce qui se passera à la fin. Nous retrouvons d’ailleurs dans la Bible les textes de la création et de l’apocalypse. C’est deux textes nous donnent une dimension finie de la vie de notre monde.

La notion d’infini est donc une notion abstraite que l’homme ne sait se représenter. Celle-ci s’engouffre et n’est pas représentable. La science établi la notion de temps et d’espace infini dans laquelle l’homme ne peut s’identifier, mais dans laquelle aussi l’homme ne parvient plus à placer Dieu. Où peut-on encore le mettre si l’espace et le temps des hommes est infini. A cette question le christianisme n’a pas su répondre tout de suite. Pierre Theillard de Chardin est le premier à nous proposer une réponse.

L’infini fait peur et donne le tournis, on se sent si petit et si impuissant dans un tel monde. On se sent surtout aussi délaissé par Dieu. Où pourrais-t-il encore se trouver si tout est infini? L’homme a besoin de pouvoir se fixer des références à échelle humaine.

Il y a eu plusieurs tentatives pour interpréter le livre de la genèse. Entre autre celle de considérer les 6 jours de créations comme les 6 millions d’années qui nous séparent de la création de l’univers. Mais malgré ça la science continue à poser question. « Qu’est-ce qu’il y avait avant le big bang?? »
L’athéisme ne repose pas sur des connaissances scientifiques mais relève d’options à propos du sens de la vie humaine. Même la contradiction logique d’un monde infini qui ne laisserait aucune place à Dieu, lui aussi infini. Pourtant « Dieu transcendant infini » n’a rien à voir au niveau sémantique avec le sens spatio-temporel, donc on pourrais les avoir en parallèle.

Au 20ième siècle apparait une grande question: « Pourquoi est-ce qu’il y a la vie et l’homme sur notre terre plutôt que rien? ». L’être d’où vient-il? Est-ce le hasard?
La philosophie ne répond pas à cette question et reste dans l’étonnement du surgissement des choses et des êtres. Elle évite de donner des réponses qui ferment la question et donnent congé à l’étonnement !

Les mythes de la création sont des mythes qui permettent de répondre à des questions que toute personne normalement constituée se pose à un moment de sa vie:

  • Qui suis-je?
  • D’où viens-je?
  • Ou vais-je?

La genèse met au point certaines de ces questions:

  • D’où vient le ciel
  • D’où vient l’homme et la femme
  • D’où vient le bien et le mal

On remarque aussi que dans le livre de la genèse est basé sur la séparation entre un « verbe incrée » ou un esprit créateur préexistant et un monde matériel divers qu’il crée « à son image ». A nouveau cette parole rassure et met les éléments de notre vie à leur place. L’homme a besoin de séparer les choses pour les distinguer. Ils peut concevoir le ciel et la terre comme deux notions différentes, mais la science présente le ciel comme infini. De là l’homme se rattache à la terre qu’il connait et aimerait pouvoir considérer le ciel comme une instance de même importance que la terre.

Les autres religions?

L’Hindouisme aborde le problème de beaucoup plus de visions possibles. Le christianisme a tendance à se fermer un peu sur la question.

Le principe: présence d’un Brahman:

  • essence subtile en filigrane derrière toute chose
  • Réel du Réel
  • L’un pur au delà du Réel et du non-réel
  • d’où tout procède, d’où tout se dissout

De plus dans l’Hindouisme, cette instance est éloignée de toute personnification.

Du coté du Bouddhisme la vision est autre. A quoi bon répondre à la question de la création. Cette question ne nous apporterait rien de plus à notre vie. Ils se laissent donc guider vers le futur sans se poser la question sur leur passé intime. C’est aussi une vision intéressante.

Retour à la religion catholique

Depuis Galilée, beaucoup de découvertes ont chamboulés notre civilisation:
découverte que la terre est ronde
découverte des étoiles
découverte que la terre n’est pas au centre de l’univers
théorie de l’évolution selon Darwin
L’homme n’a pas cessé de perdre, un par un, les privilèges qui lui étaient accordés à cause de l’arrivée de la science !!!
=> constat de Pierre Theillard de Chardin

L’astronomie donne à notre univers des dimensions spatiotemporelles toujours plus importantes. On en vient même à poser l’hypothèse de la pluralité des mondes habités ! Quelle place reste-t-il à l’homme créé à l’image de Dieu et sauvé par le Christ?

Un pape : « Plus la science progresse, plus elle découvre Dieu, comme s’il attendait aux aguets derrière chaque porte qu’ouvre la science »

Le créationisme

Certains mouvements n’acceptent pas ces théories de l’évolution et veulent continuer à rester dans les conceptions anciennes du monde. Les créationistes existent depuis le 19ième siècle au sein des milieux évangelistes en Australie et en Europe. Ils sont contre la théorie de Darwin et autres théories de l’évolution. Ils préfèrent se référer à la Bible et à la Genèse. Ils ont une lecture littérale de la bible.

On peut développer cette conception de la vie. En effet on retrouve dans certaines parties du monde cet attachement à la lecture et l’interprétation littérale de la Bible. C’est un retour au texte initial et un retour à une pureté de lecture qui n’est pas inintéressante mais d’autant plus difficile à appliquer à nos vies au jour le jour. En effet les textes bibliques ont été rédigés il y a longtemps et parfois ne collent pas spécialement avec la façon dont vit l’homme aujourd’hui. C’est une manière de se fermer aux autres hommes, aux autres religions et de garder une vision unique de la création du monde. Je ne pense pas, personnellement que cette façon de faire pose problème. De la même manière que les bouddhistes se disent ne pas être intéressés par la question car elle ne leur apporte rien, dans ce cas ci ils répondent à la question d’une manière différente que la science, mais ça ne les empêche pas de vivre et de changer leur existance pour autant.

Le mythe de la création permet de se rassurer et de se rattacher à quelque chose de plus facile. En effet, il faut admettre que lorsqu’on parle de l’univers tel que la science le présente, l’homme se sent tout petit par rapport à cette énormité (peur de l’infini). Dès lors, les créationistes se rattachent à ce qu’ils peuvent concevoir. Cela permet aussi plus facilement de remettre Dieu dans son contexte et de concevoir sa présence. Dans le monde tel que la science le décrit, la présence de Dieu est un concept difficile à accepter et à admettre.

Vision de Pierre Theillard de Chardin

« malgré la science, l’homme se retrouve et est en train de réemerger plus que jamais en tête de la nature puisque pour s’être confondu avec le courant général d’une cosmogenèse convergente il aquiert à nos yeux la possibilité et la qualité de former, au coeur du temps et de l’espace un point singulier d’universalisation pour l’étoffe même du monde. Cette convergence conduit au Point Oméga qui s’identifie au Christ Cosmique. »

Ce point singulier dont parle Pierre Theillard de Chardin est ce qu’il appelle la noosphère. Celle-ci est amenée par la noogenèse qui est comme son nom l’indique la création d’un monde axé autour de la spiritualisation et la réflection des hommes.

Donc, la seule sortie possible serait d’ordre spirituel, en ayant confiance au grand et laborieux travail de l’Évolution ; qui, en parvenant à créer les êtres humains avec tant de soins, ne peut pas être conçue comme s’étant organisée au hasard. Il faut affirmer, avec Teilhard, que « Oui », c’est une Évolution dirigée, consciente d’elle-même ; car il y a un Moteur qui l’oriente et l’attrait à Lui, le Point Oméga. Alors, pourquoi pas le dire ? Ce « Moteur » c’est Dieu, principe générateur et en même temps final, qui réalise en soi la rencontre des deux pôles d’attraction Alpha et Oméga, et donne à l’Homme la pensée, la conscience, l’âme, la Foi et l’Énergie de l’Amour pour continuer son chemin de Paix et de Construction d’un Avenir digne pour tous.

Conclusion

En conclusion ma vision des choses est assez mitigée et je ne pense pas qu’on puisse avoir une réponse unique à la question de la religion comparée à la science. Ces deux notions sont fondamentalement différentes mais pourtant indissociables. Je rejoins la vision de Pierre Theillard de Chardin qui parvient dans son analyse de mettre la parole religieuse dans son contexte tout en admettant la vision scientifique des choses. La création du monde partant d’un état alpha jusqu’à son ultime fin, l’état oméga avec la venue d’un Christ Cosmique. La noosphère est une conception intéressante dont on ne parle que trop peu, la mise en commun des idées et de la spiritualité du monde pour parvenir à un a un état stable de connaissances est important, l’homme a soif de connaissance. L’homme est justement identifié par sa créativité et son imagination, et par conséquent ses idées peuvent former un nouvel équilibre.

La science est liée de manière intime à la religion. Là où la science s’arrête vient la religion, et inversement. Plus la science évolue, plus les questions sont complexes, mais aussi, plus les questions sont nombreuses. De l’autre penchant, c’est le rôle de la religion de prendre position vis à vis de ces nouvelles questions qui permettent aussi une évolution de la religion et de la spiritualité dans un monde toujours plus avide de connaissances.