Mont Vélan

C’est donc jeudi 20 juillet au soir que je suis parti pour Martigny où j’avais rendez-vous à 22h13 exactement à la gare. En effet, Quentin travaillant déjà et étant donné qu’il prend déjà un mois de vacances en septembre pour traverser le Maroc à vélo il ne pouvait pas se permettre plus de congé. Mais malgré ça il devait s’entrainer et se faire des jambes pour le vélo, donc ma proposition pour m’accompagner faire de la montagne ce weekend tombait à pic.

Nous voilà donc en route vers le col du Grand Saint-Bernard et c’est un peu avant, à la hauteur de Bourg Saint Pierre que nous biffurquons vers la gauche pour rentrer dans la vallée du mont Vélan. Nous avons tous les deux une caisse d’enfer, et envie de passer un bon weekend en montagne !! C’est bien parti.

Nous décidons donc de dormir à la belle étoile sous un ciel étoilé comme on en voit rarement en Belgique. C’était absolument fantastique. A se croire dans un rêve, et c’est dans ces situations là qu’on se sent vraiment un microbe part rapport aux nombre inconsidérable d’étoiles qui brillent dans le ciel. Et dire que chaque étoile est un autre système solaire indépendant… et nous dans tout ca??

Le lendemain (vendredi 21 juillet … fête nationale belge) pas de précipitation, nous n’avons que 3 heures de marche devant nous pour monter au refuge du Mont Vélan. Nous déscendons donc au petit village de Bourg Saint-Pierre faire les quelques provisions nécéssaires pour partir en autonomie 3 jours. Notre objectif est simple:

  • Montée à la cabane du vélan
  • Nuit sur place
  • Montée au sommet du Mont Vélan
  • remonter vers la cabane de Valsorey
  • Nuit sur place
  • Montée sur le Combin de Valsorey … et plus si affinité (et temps …)

Bref, notre programme est chargé et autant préserver notre énergie au maximum, car les autres jours seront intenses. Nous partons donc vers les environs de midi pour nous arrêter une petite heure plus loin et pique-niquer dans les alpages le long du torrent. Que dire … si ce n’est que c’est le pied de beurrer sa tartine dans un paysage aussi sauvage. Dans ces situations là on n’a plus envie de revenir à sa petite vie du métro-boulot-dodo …

Nous arrivons vers 16h au refuge et là nous avons amplement le temps de nous reposer. Quentin pique une petite sieste pendant que moi je me plonge dans mon livre: « L’amateur d’abîmes » de Samivel. (Je vous mettrais d’ailleurs quelques bons extraits sur mon blog dès que j’ai un peu de temps)

Samedi 22 juillet: c’est vers 4h que la douloureuse sonnerie de mon réveil se met en marche pour nous sortir de nos bons rêves. Eh oui, en haute montagne il faut partir tôt si on veut pouvoir profiter des meilleures conditions possibles. Nous ne trainons pas et déjà vers 4h45 nous entamons le sentier en direction du col de la Gouille. La montée est longue et pénible entre d’une part cette caillasse qui ne tiens absolument pas et où à chaque pas on recule de 20cm, et d’autre part le glacier bien trop raide pour l’attaquer de face. Mais celà ne nous fera pas froid aux yeux puisque nous sommes dans les temps, et comme indiqué sur le topo nous atteignons le sommet du col vers 6h15 avec un beau spectacle de lever du soleil sur le massif du Mont-Blanc.

Aujourd’hui nous avons décidé de prendre la voie de l’arête. Et c’est sur le fil de l’arête que nous nous lançons dans la montée vers le sommet: 200m de vide à gauche, 200m de vide à droite, et au milieu, une rampe de rochers qui tiennent à moitié … du moins on l’espère. Et c’est parti. Quentin et moi tenons un rythme vraiment bien soutenu. On sent que l’esprit de cordée nous guide et qu’il est inutile de se parler pour se comprendre. Les bequets sont là, une sangle de temps en temps pour sécuriser la montée et tout se passe à merveille. De temps en temps un encordement plus court, parfois un peu plus long … et tout ça en toute fluiditié, c’est cool, on sent la montagne et on se fait montagne.

C’est arrivé en haut de l’arête que nous rejoignons le glacier dont il nous reste à franchir le dome de neige. Pas toujours évidement de se remettre dans l’ambiance « neige-glace » quand on sort de 3h d’escalade sur une arête de rocher. Et c’est cramons aux pied que nous avançons. Nous sommes vite alerté par le nombre de crevasses présentes sur ce dôme. Il y en a vraiment une tous les 5 mètres. Et elles ne sont pas spécialement petite. Avec la chaleur je me rend vite compte qu’il ne faut pas se faire d’illusion: les ponts de neige ne tiennent plus. Et en effet, 10min plus tard je tombe dans une crevasse de toute ma longueur. Heureusement Quentin a le bon réflexe de second de cordée, et m’aide à en ressortir. Pas de mal, mais quelques émotions quand même pour cet accueil sur ce glacier finalement pas si chaleureux.

Nous seront sur le sommet 20min plus tard avec la photo traditionelle. Moi j’ai oublié mon drapeau belge, mais Quentin a pris un drapeau tibétain avec: super, à la limite c’est même mieux. Je suis content de défendre la cause tibétaine sur ce sommet Suisse.

A la base nous avions choisi de déscendre par le glacier et non pas en retournant sur nos pas dans l’arête rocheuse. Ce fût un très mauvais choix. En effet, avec l’état du glacier dû aux conditions météorologiques la déscente fût une des déscente les plus périlleuses que j’ai pu faire sur glacier. Zig-zag entre les crevasses, passage entre le glace à moitié fondue, la neige carrément fondue, en essayant de deviner où sont les ponts de neige. Un vrai labyrinthe sur un glacier pas évident du tout. Pour tout vous dire, à savoir que la montée nous avait pris 3h15 à partir du col, nous avons pris le double pour la déscente. Mais alors pour le coup, on a vraiment répeté tout notre répertoire technique sur cette descente: cramponnage, encordement, assurage, brochages, corps mort, etc. C’est dans ces situations là qu’on se fait la meilleure des expérience selon moi.

Ce ne sera que 12h après notre départ du refuge que nous arriverons sain et sauf à la cabane du Vélan. Ce fût une longue course, la concentration fût intense et les nerfs étaient en permanance à vif. Nous sommes crevés, et n’avons toujours pas mangé notre pique-nique de midi, laissé à la cabane. Ce n’était même pas nécéssaire de se concerter Quentin et moi, nous savions que nous ne monterions plus à la cabane de Valsorey aujourd’hui. Vu notre état de fatigue on est au mieux encore bon à descendre jusqu’à la voiture.

C’est d’ailleurs ce que nous ferons après une bonne heure de repos et un bon thé bien sucré. Dans la vallée, une bonne fondue au fromage nous redonnera des forces, et dimanche on sera à nouveau paré pour une petite course d’un jour. Je n’ai jamais éprouvé autant de mal à manger une fondue. Non pas par manque d’apétit, mais à cause des courbatures qui me martirisaient les bras pour le moindre effort.

Vers 23h nous redescendons sur le village de Liddes pour y trouver un petit squat pour la nuit où nous dormirons une fois de plus à la belle étoile: pourquoi se priver quand le ciel est si pur.

Ce dimanche 23 juillet il nous fallait une course facile, et pas trop longue afin de pouvoir faire notre trajet retour de suisse dans le courant de la fin de journée. Je proposa donc à Quentin de partir à la découverte des pré-alpes fribourgeoise et d’attaquer la fameuse Dent de Broc qui représente la frontière entre les hauts sommets des alpes et la plaine qui mène au Jura. Ce fût une dure montée. Bien que la course n’est en soi absolument pas compliquée, notre fatigue de la veille se fit sentir. Mais rien de tel qu’un peu d’effort le lendemain d’un gros effort pour bien absorber tous les bienfaits de l’exercice.

Ce sera vers 18h que nous nous lancons dans le voyage de retour en direction de la Belgique avec des paysages fantastiques dans la tête et un weekend plein d’aventures !!! Ce fût vraiment intense, mais bon, comme on les aime. Quand la bonne fatigue viens vous écraser les épaules, c’est là qu’on se sent vivre.

Merci Quentin pour ce weekend de fou !!