Coup de fil sur le fil …

Certes, je ne dis pas le contraire … mais c’est pas pour rien que les secours utilisent depuis maintenant très longtemps les radios VHF. Ils communiquent par walkie-talkie de toute façon. Et puis il est pas question de mettre un opérateur téléphonique dans l’histoire. Imaginez le jour où l’antenne est en panne : ah non, pas de bol … le GSM ne passe pas aujourd’hui … et on fait comment pour communiquer maintenant? Du coup il faut que quelqu’un aille réparer l’antenne qui se trouve sur le sommet d’à coté. Comme si c’était si simple? Car le sommet d’à coté est aussi un 8000 !! Bref, c’est pas demain la veille que les secours en montagne utiliseront le GSM pour communiquer entre eux.

Mon second argument est peut-être beaucoup plus idéologique, mais pas moins important à mon avis. L’alpinisme est un sport dangereux, et n’importe qui ne se lance pas dans une expédition tel que l’Everest ou tout autre sommet himalayen. Quand on part dans ces contrées, ce n’est pas uniquement pour faire un « sommet » … mais surtout pour se retrouver dans une nature dans laquelle il faut parvenir à rentrer, à y faire son trou, à s’émerveiller, à faire un avec elle…

La wilderness qui existe encore dans l’Himalaya est quelque chose d’unique à vivre. Et cette expérience de wilderness ne se vit pas seulement en y allant, mais aussi en se retrouvant face à soi-même, face à ses faiblesses et ses qualités. Or apporter un confort totalement superflu dans un cadre comme celui de la wilderness casse complètement cet éloignement qu’on pourrait ressentir. Il est important de préserver les sommets et leur laisser leur pureté, leur inaccessibilité. Si vous partez dans l’Himalaya, c’est un choix, et ce choix demande d’assumer certains engagement. Nottament l’éloignement, la difficulté, le risque … et si ces facteurs sont chaque fois minimisés pour nous garder dans notre petit confort personnel, l’Homme perd cette capacité de s’engager. La société a trop tendance à vouloir nous baigner dans notre petit confort … mais le jour où elle n’est plus là, on est perdu !! Et c’est bien dommage. Il faudrait ré-apprendre à pouvoir se passer du confort qu’elle nous apporte.

Je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi. Sans doute que d’autres alpinistes me diront que je suis trop idéaliste et pas assez réaliste … mais je pense que ma vision se défend. Si vous voulez faire de la montagne pépère et pouvoir appeler les secours parce que votre gourde est vide, vous pouvez aller dans les Alpes, mais l’Himalaya doit rester pour moi une région sauvage et permettant de rencontrer la wilderness.